Herbert Johnny
b : 27/06/1964
Après un parcours classique en karting où il devient champion de Grande-Bretagne Junior 100 cm³ en 1979 puis champion de Grande-Bretagne Senior 135 cm³ en 1982, Johnny Herbert débute en sport automobile dès 1983 et s'affirme vite comme l'un des plus grands espoirs du sport automobile britannique.
En 1984, sur une Sparton-Ford de Formule Ford 1600, il signe 1 pole position, 1 victoire et 4 podiums dans les championnats BP (8e avec 19 points) et Dunlop (6e avec 24 points) de Formule Ford britanniques dans lesquels il est engagé. En 1985, sur une Quest, il signe 4 pole positions, 4 meilleur tours et 12 podiums en championnats britanniques de Formule Ford 1600 (ESSO, RAC et EFDA Euroserie). Il décroche surtout une importante victoire au Formula Ford Festival de Brands Hatch qui lui permet de s'engager en Formule Ford 2000 et Formule 3 en 1986.
En 1986, sur sa Quest, Herbert ne réalise comme meilleure performance qu'une 4e place en FF 2000 et (au volant d'une Ralt) ne se classe que 15e du championnat de F3 avec 8 points. Toutefois il réussit à trouver un volant au sein du Eddie Jordan Racing pour la saison suivante de Formule 3. En 1987, il pilote une Jordan Reynard-VW et, en inscrivant un total de 79 points, devient champion britannique de la discipline devant Bertrand Gachot et Martin Donnelly avec 5 pole positions, 5 meilleurs tours en course, 5 victoires et 10 podiums. Cette même année, il effectue ses premiers tours de roue en Formule 1 en réalisant de probants essais privés à Imola pour le compte de l'écurie Benetton où il fait jeu égal avec le pilote leader et espoir italien Alessandro Nannini qui a déjà disputé 47 Grand Prix.
En 1988, l’écurie Eddie Jordan Racing tente l’expérience en Formule 3000 avec Johnny dans ses valises : première course et première victoire à Jerez en Espagne avec la Jordan Reynard 88D-Cosworth DFV mais la bonne fortune quitte Johnny dès la deuxième manche du championnat à Vallelunga où il se blesse lors d’un accident impliquant également Gregor Foitek. Il doit alors faire l’impasse sur la course de Pau, mais dès la course suivante, à Silverstone, il termine septième. Puis, arrive la manche de Monza, une des plus belles courses de l’ensemble de la carrière d’Herbert selon le magazine Autocourse Annual : « La star incontestée du week-end fut Herbert, qui réussit à attirer l’attention de l’ensemble des tifosis. Gêné suite à l’interruption de la course après le crash de Giroix, puis entraîné dans la mêlée des voitures à la première chicane, Johnny fit aujourd’hui ce qui restera sa plus belle course de l’année pour aller chercher une troisième place sous le drapeau à damiers. Sa conduite fut exceptionnelle, la Camel-Reynard hurlait sous la pression de son pied droit sur l’accélérateur comme pourront le confirmer les oreilles des spectateurs du week-end. ». Ce 26 juin, Herbert signe le meilleur tour en course et se classe 3e de l'épreuve.
En août 1988, l’écurie Lotus le sollicite pour des essais de pneus à Monza où il fait bonne figure au côté du champion du monde Nelson Piquet. Mais, encore une fois, la malchance le poursuit. Le 21 août, lors de la course de Brands Hatch, il est impliqué dans un crash dantesque avec de nombreuses voitures, un des plus importants accidents lors d’une compétition de F3000. La saison d'Herbert se termine ce jour là, ses blessures sérieuses aux membres inférieurs l’empêchant d’envisager de monter encore dans un cockpit en 1988. Il se classe 8e du championnat international avec 13 points en n'ayant disputé que sept courses. Pour nombre d'amateurs de sport automobile Herbert semble perdu pour le sport automobile de haut niveau. Herbert déclarera : Je me rappelle être étendu, en soins intensifs, les docteurs autour de moi en train de débattre sur la suite des soins à me prodiguer. Je n’avais pas encore compris qu’ils étaient tous convaincus que ma carrière de pilote automobile était désormais derrière moi...
Pourtant, quelques mois plus tard, il est présent à l'ouverture du championnat du monde de Formule 1 1989 au Brésil. Herbert indiquera que si son corps était brisé, sa volonté restait intacte : « Beaucoup d’articles de presse furent publiés suite à mon accident, et l’opinion générale était que ma carrière de pilote était désormais derrière moi. Mais, allongé comme je l’étais, sans rien faire, je ne pouvais pas accepter cela. J’ai entamé ma rééducation aussi tôt que possible et j’ai travaillé aussi dur que je le pouvais. Je devais piloter à nouveau, par delà la souffrance et les efforts. Les médecins étaient pessimistes, à les entendre, j’en avais encore pour une année complète avant de quitter mon lit. J’ai eu mon accident à la fin du mois d’août, et j’étais dans le baquet d’une Benetton de Formule 1 en décembre. La force morale dans ma capacité à travailler pour récupérer mes facultés m’a permis de surmonter mes traumatismes. »
Malgré les incertitudes autour de l'état physique de Herbert, le directeur sportif de Benetton Peter Collins a tenu à respecter le contrat signé avec le pilote britannique juste avant son accident. Incapable de marcher normalement, obligé de se déplacer sur un petit vélo et d'être porté par ses mécaniciens pour entrer dans sa B188-Cosworth, Herbert stupéfait les observateurs en terminant son tout premier GP à une remarquable quatrième place, mieux que Prost neuf ans plus tôt, aussi bien qu'Alesi trois mois plus tard. La suite est plus difficile. Il rate ses qualifications à trois reprises lors des GP de Saint Marin, Monaco et Mexique et, s'il termine ses courses, c'est seulement en 11e, 14e et 15e position. Il se ressaisit au GP des États-Unis où, malgré une calamiteuse qualification en 25e position sur la grille, il termine la course à une méritoire 5e place finale. Rattrapé par les séquelles de son terrible accident (un nerf coincé au niveau de la cheville le prive de la force nécessaire pour appuyer sur les pédales), Herbert s'avère de plus en plus inapte au pilotage d'une F1.
Il touche le fond au GP du Canada où il manque sa qualification. La disgrâce de son protecteur Peter Collins lui est fatale puisque l'une des premières décisions de Flavio Briatore, le nouveau directeur sportif de Benetton, est de le limoger durant l'été pour le remplacer par Emanuele Pirro. Herbert retrouve ponctuellement un volant en fin d'année chez Tyrrell en remplacement de Jean Alesi, lorsque ce dernier est retenu par le championnat de Formule 3000. Au volant de la 018, il se qualifie en 16e position du GP de Belgique où il abandonne sur tête à queue et échoue en qualification au GP du Portugal. Herbert, en 6 départs, a inscrit 5 points et termine 14e du championnat pilotes. Herbert comprend que son avenir n'est plus en Formule 1 part au Japon disputer les 1 000 km de Fuji au volant d'une Takefuji-Porsche 962C et se classe 6e de l'épreuve. Il décide alors que, s'il ne décroche pas de contrat en F1, il poursuivra sa carrière au Japon.
Sans volant de titulaire pour le championnat du monde de Formule 1 1990, Herbert s'exile au Japon et choisit de combiner un contrat de pilote-essayeur chez Lotus avec deux programmes de course dans les séries All Japan Sports Prototype Championship (toujours sur Takefuji-Porsche 962C) et Formula Nippon au sein de l'écurie Italiya qui engage des Reynard 90D-Mugen. En F3000 japonaise, il est contraint à l'abandon à 6 reprises et ne se classe que 18e du championnat avec 3 maigres points tandis qu'en Endurance il se classe 4e de l'épreuve du Mont Fuji.
Johnny fait son retour en F1 en toute fin de saison où il est engagé pour les GP du Japon et d'Australie chez Lotus (où Peter Collins est le nouveau directeur sportif) en remplacement de Martin Donnelly gravement blessé lors des essais du GP d'Espagne (et qui ne conduira plus en F1). En manque de roulage, Herbert se qualifie en milieu de grille (14e puis 18e) tandis que sa Lotus 102-Lamborghini le contraint par deux fois à l'abandon (casse moteur puis panne d'embrayage).
En 1991, Herbert poursuit sa carrière au Japon, désormais au sein de l'écurie Suntory West qui engage des Ralt RT23-Mugen. Herbert décroche une 2e place lors de l'épreuve disputé à Mine mais 5 abandons ne lui permettent que de terminer à la 10e place du championnat de Formula Nippon.
Grâce à David Kennedy, responsable du programme « Le Mans-Mazda », qui a fait le forcing auprès de ses dirigeants pour maintenir Johnny dans la liste de ses pilotes, il se voit ainsi offrir le droit de conduire la révolutionnaire Mazda 787B à Moteur Wankel. Herbert et Gachot décrochent une 4e place au Mont Fuji, puis Herbert récidive, à nouveau à Fuji, mais aux côtés de Maurizio Sandro-Sala. Il participe alors aux 24 Heures du Mans et, avec Volker Weidler et Bertrand Gachot, il conduit la Mazda à la victoire, ce qui constitue la première victoire d’une voiture japonaise, et la première victoire d'une motorisation à pistons rotatifs dans la grande classique mancelle. Perclu de crampes après avoir assuré le dernier relais, Herbert est absent de la cérémonie de la victoire.
Herbert poursuit en parallèle sa carrière en F1 au sein de l'écurie Lotus, mais seulement de manière ponctuelle car l'écurie désargentée, donne la priorité aux pilotes payants tels Julian Bailey ou Michael Bartels aux côtés du débutant finlandais Mika Häkkinen. Pour preuve de sa pugnacité, il réussit à qualifier sa médiocre voiture (Lotus 102B-Judd) 7 fois sur 8 tandis que Bailey n’y parvint qu’une seule fois et Bartels jamais. Herbert obtient pour meilleur résultat une 7e place lors du Grand Prix de Belgique et est contraint à l'abandon à trois reprises, sur rupture du V8 Judd.
Herbert doit attendre la saison 1992 pour pouvoir enfin réaliser une saison complète en Formule 1, toujours chez Lotus. Il fait alors jeu égal avec le futur champion du monde Mika Häkkinen. Les deux pilotes montrent l'exemple d'une collaboration parfaite tant au volant de leur monoplace que dans le paddock où ils passent leur temps à se faire des blagues de potaches. Cette bonne entente a certainement contribué aux bons résultats de Lotus tout au long de la saison 1992. Herbert reste deux saisons supplémentaires chez Lotus. En 1993, il réalise un course d'anthologie sous une météo capricieuse à Donington : il ne change qu'une seule fois de pneumatiques et garde ses slicks sous une pluie battante, alors que Prost passera 7 fois par les stands. Ron Dennis, manager de McLaren propose alors à Lotus d'éponger leurs dettes contre la libération d'Herbert mais il se verra opposer un refus catégorique.
Courant 1994, après plusieurs coups d'éclat (malheureusement jamais récompensés), il est rappelé par Flavio Briatore. Après un transit d'une course dans l'écurie française Ligier (détenue par Briatore), il dispute les deux dernières épreuves de la saison pour le compte de l'écurie Benetton. Ces piges préfigurent son engagement complet en 1995 aux côtés de Michael Schumacher qui le réclame comme coéquipier. Mais la saison 1995 de Herbert n'est pas si idyllique que prévue. Il remporte certes ses deux premières victoires en GP, mais se fait surtout dominer par Schumacher. En l'espace de quelques mois, celui qui passait encore courant 1994 pour un pilote d'avenir voit sa réputation ternie.
A partir de 1996, Herbert est engagé par l'écurie helvétique Sauber où il reste pendant trois saisons, avec des prestations contrastées, souvent dominé qu'il est par ses équipiers (Frentzen en 1996 et Alesi en 1998). En saison 1999, il signe chez Stewart Grand Prix, où il a du mal à prendre ses marques en début de saison face à son équipier Rubens Barrichello qui connait déjà la monoplace. Alors que certains veulent le pousser à la retraite, il connait un sursaut d'orgueil en fin de saison et s'impose au GP d'Europe disputé au Nürburgring. Cette victoire, la première de l'écurie Stewart Grand Prix en Formule 1 lui vaut de conserver sa place l'année suivante en F1 chez Jaguar Racing (propriété de Ford) bâtie à partir de la structure Stewart, mais avec à nouveau des performances décevantes.
Sans volant de titulaire pour 2001, Herbert effectue toutefois des apparitions en tant que pilote essayeur pour Arrows, avant de quitter la F1 pour se concentrer sur les épreuves d'Endurance. Intégré à la puissante usine Audi, il remporte notamment les 12 heures de Sebring en 2002.
En 2005, il fait son retour en Formule 1 au sein de l'équipe Jordan Grand Prix (qui prend début 2006 le nom de Midland F1) en qualité de directeur de la communication. Mais fin septembre 2006, le rachat de Midland F1 par Spyker provoque son départ.
Johnny s'engage en 2008 en Speedcar Series, un nouveau championnat automobile sur circuit routier qui fait ses débuts à l'automne 2007. Les épreuves sont souvent couplées avec celles du championnat GP2 Asia Series et opposent une vingtaine de pilotes sur des voitures monotypes très proches de la NASCAR. A Dubaï, à l'occasion du 1er Grand Prix de Speedcar Series 2008 Herbert retrouve plusieurs autres ex-pilotes de Formule 1 dont Jean Alesi, Stefan Johansson, Gianni Morbidelli ou encore Ukyo Katayama et Narain Karthikeyan. Herbert termine neuvième de la course n°1 puis est contraint à l'abandon dès le début de la course n°2. Lors du meeting de Bahreïn, Herbert marque de gros points en se classant troisième de la première course et septième de la seconde. A Sepang, en Malaisie, pour la troisième manche du championnat, l'Anglais marque les esprits en se classant, une nouvelle fois sur le podium (deuxième) de la première course et quatrième de la suivante. A l'issue du dernier week-end du championnat à Dubaï, il remporte les deux courses et décroche dès lors le premier titre de champion de la discipline.
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